Eglise romane de Tohogne- Les nefs(les peintures murales) |
Les nefs (les peintures murales).Dès le début des travaux de restauration (1975), on a découvert la présence de peintures murales conservées sous de nombreuses couches de mortier de chaux. Après sondage, il s’est avéré que ces peintures étaient fort vastes (elles couvrent l’entièreté du vaisseau central, côté nord) et sont parmi les plus importantes de Wallonie (près de 100 m²). En 1981 ont débuté les travaux de dégagement de ces peintures par M. Jacques Folville, restaurateur d’art, de Liège. Ils ont été souhaités par la Commission Royale des Monuments et des Sites et subsidiés par la Direction Générale des Arts et des Lettres de la Communauté française. Les peintures dégagées de la paroi nord de la nef centrale se répartissent en trois registres distincts. Le registre supérieur est occupé par de grands personnages isolés, placés entre les fenêtres. Au registre médian, une série de vingt scènes se succèdent de façon ininterrompue. Et dans le registre inférieur, les sujets sont placés entre deux arcades dans les écoinçons. Les peintures des deux registres supérieurs ont été exécutées à la détrempe sur l’enduit du plafonnage, mais il n’en subsiste plus que certains verts et les ocres jaunes, rouges ou bruns qui sont des tons de fond. Il ne s’agit donc pas de fresques. Cette dernière technique est nettement plus solide. Au registre supérieur, entre les fenêtres, six niches feintes abritent chacune un personnage. Les quatre niches du milieu sont encadrées de pilastres décorés de grotesques, peintes au pochoir et sommées d’un arc en plein cintre. Des rinceaux de feuillages verts occupent l’espace laissé libre entre les pilastres figurés et l’embrasure. Un grand jeu de courbes et de contre-courbes peintes à l’ocre rouge est venu s’ajouter ultérieurement et se superposer au décor des rinceaux. La première niche, encadrée de colonnes balustres, et la dernière, aux formes encore différentes, se distinguent des quatre précédentes et occupent un espace plus étroit. Les six personnages sont représentés pieds nus. Il s’agit des apôtres. On identifie Jacques le Majeur, Jean l’Evangéliste, Jacques le Mineur ou Jude-Thadée, et, près du chœur, saint Paul. Au registre médian, trois des vingt scènes représentées : L’Adoration des Mages – La Fuite en Egypte – Le Massacre des Saints Innocents. Le registre médian, placé entre deux bandes horizontales, occupe tout le plat du mur entre les fenêtres et les arcades de la nef. Les vingt scènes qui le constituent sont séparées les unes des autres par une décoration verticale de grotesques exécutées au pochoir. Le texte de la Genèse a inspiré les deux premières scènes. Différentes séquences des Saints Evangiles, dont la vie du Christ est le fil directeur, sont ensuite illustrées. Toutes ces scènes constituent, en quelque sorte, une bande dessinée qui n’est pas dépourvue d’intérêt didactique. Les peintures de ces deux niveaux datent du XVIe siècle. Il est probable qu’elles ont été réalisées par le même artiste ou le même atelier. Signalons encore que sur la paroi sud, des sondages limités ont révélé l’existence de peintures proches de celles-ci mais nées d’une autre industrie. Ces peintures murales datant du XVe siècle (?) ont bien moins résisté aux outrages du temps. Les pluies du sud-ouest les ont largement dégradées par l’humidité pénétrante. Seulement deux scènes ont été sauvegardées non loin du chœur : « Jésus et saint Thomas » - « saint Laurent, diacre », probablement. Au registre inférieur, au quatrième écoinçon de la paroi nord : couple de laïcs en prière. Il s’agit de Servais du Chesne, échevin de la Haute Cour de Durbuy et de son épouse Barbe de Sohey. (Pour plus de détails, voir au chapitre « pêle-mêle » la rubrique « donateurs identifiés ».) Le registre inférieur, constitué par les scènes placées dans les écoinçons, se distingue des registres supérieurs par sa technique et son style. Il ne s’agit pas seulement de peinture en détrempe, mais aussi de peinture à l’huile utilisées conjointement. Ces différentes scènes (datant de la première moitié du XVIIe siècle), souvent fortement altérées, sont présentées suivant le même schéma : une tente de fantaisie, garnie de galons et de lambrequins, pourvue d’acrotères en bois tourné, s’ouvrant largement pour montrer les personnages qu’elle abrite. Grâce à leurs ornements sacerdotaux, on y reconnaît de nombreux religieux nimbés. La figure de saint Eloi (paroi sud, 1er écoinçon) est bien conservée. Le 4e écoinçon de la paroi nord nous montre un couple de laïcs en prière, de part et d’autre du Christ en croix. Grâce aux recherches de MM. Jean Ninane d’Esneux et François Bellin de Tohogne, nous connaissons depuis peu leurs identités. Il s’agit de Servais du Chesne (échevin de la Haute Cour de Durbuy, receveur de la Hesse et semonneur de la Cour de Rianwez) et de son épouse Barbe de Sohey ; ils habitèrent probablement à Warre. Nous savons que Servais du Chesne finança la réfection de la charpente de l’église datant de 1612, son nom étant inscrit dans un registre paroissial parmi ceux qui traitaient avec les charpentiers. |