Eglise romane de Tohogne- Le chœur(Maître-autel et retable) |
Le chœur (Maître-autel et retable).Le maître-autel fut consacré le 19 août 1720 par Mgr de Libois, évêque de Thermopole et suffragant de Liège. Il introduisit dans la maçonnerie de l’autel, selon la coutume, des reliques de martyrs : saint Boniface et sainte Claire, donna à l’autel comme patrons principaux la Sainte-Vierge et saint Martin. Le retable en bois peint, partiellement doré, nous ramène à la première moitié du XVIIIe siècle. En effet, on peut lire dans les A.G.R. (Fonds d’Ursel, liasse 856, n° 268) que « le Doyen Poncin a convenu avec M. Renier Rendeux, peintre et sculpteur à Liège, pour un autel. Marché conclu à Tohogne le 26/12/1738 pour le prix de 730 carolus ». Avec ses deux paires de colonnes à haut socle et à chapiteau composite, ses portions d’entablement et sa corniche cintrée, surmontée d’adorateurs et d’un couronnement à volutes, le meuble se range dans la série des autels baroques liégeois des années 1700-1740. Le cartouche du sommet appartient à la même veine baroque. Un Œil de Dieu, inquiétant, en occupe le centre ; il a été peint au siècle dernier mais il recouvre probablement un sujet identique. La toile peinte, une Annonciation à la Sainte-Vierge (env. 2,5 x 1,5 m) n’est pas signée. On peut raisonnablement supposer qu’elle fut également réalisée par Renier Panhay de Rendeux. Les deux adorateurs qui entouraient probablement le tabernacle primitif ont été conservés. Sculptés en bois tendre peint en brun, ils sont de belle qualité (surtout celui de droite). Le retable monumental baroque fut donc construit une vingtaine d’années après la consécration de l’autel. L’expositorium, qui se trouvait naguère en avant de cette massive construction de bois et assez élevé, a été intégré à celle-ci et abaissé (en 1977). Il sert actuellement de tabernacle. Egalement lors des récents travaux de restauration, le retable a été avancé de plus de 40 cm. Il s’ensuivit la disparition partielle de l’autel. Dans l’abside, la partie arrière de l’autel, découverte par telle manœuvre, a été supprimée. Deux statues jouxtent le retable : celle de la Sainte-Vierge et celle de saint Martin. Elles sont placées au-dessus des deux portes qui donnent accès au chevet du chœur. Là encore, Renier Rendeux en serait l’auteur. Vierge debout à l’enfant. Boit peint, 170 cm. Ecole mosane vers 1740. Dans une attitude aussi mouvementée que l’est la draperie, la Vierge, dont les pieds sont en sandales, porte l’enfant gesticulant à mi-corps et latéralement (école de Del Cour). Saint Martin de Tours. Bois peint, 200 cm. Ecole mosane, vers 1740. Représenté en tant qu’évêque, ce saint Martin fait pendant à la Vierge debout à l’enfant. Le style et la facture permettent d’attribuer les deux œuvres au même auteur dont on voit bien ici qu’il s’inspire de modèles de Del Cour et de son atelier. Suite à la disparition du maître-autel sous le retable, il a été procédé à la mise en place, à l’entrée du chœur, d’un autel fixe en marbre noir belge de 0,80 m sur 0,80 m. Il est situé au centre d’un large podium faisant 3 m sur 3,90 m, constitué par neuf grandes dalles en pierre, surélevées de 14 cm par rapport au niveau périphérique. Il a été consacré par Mgr André-Mutien Léonard le 23 septembre 2001. Les boiseries du chœur sont de style Louis XIV et datent du XVIIIe siècle. Ces lambris ont été restaurés et complétés. En effet, avant 1976, une portion du mur n’était plus couverte de boiseries, côté nord, lacune résultant de dégâts antérieurs. On y trouvait l’ancien tabernacle coffre-fort. Toujours à gauche, une stalle, avec accotoirs sculptés, date également du XVIIIe siècle. Autrefois, il y en avait une seconde placée à droite. On a retrouvé un des accotoirs. Jusqu’en mai 1970, l’église de Tohogne pouvait encore montrer deux lutrins en bois sculpté de la fin du XVIIe – début XVIIIe siècle. Les deux aigles ont excité la convoitise d’un visiteur qui les a volés. Les trépieds sont restés. |